Catamaran
parlons technique
Alors, petit jeudi matin.
Notre ami Thierry est à la barre. On navigue à 40–50° du vent apparent avec notre génois, et on fait un petit exercice. Derrière Thierry, là-bas, il y a l’entrée de la ville, le phare.
Et la question c’est : à quel moment va-t-on pouvoir virer pour aller sur le phare ?
Et là, toute la question est là.
Bon là, bon… on lofe un peu trop, on est en train de perdre de la vitesse. Alors, est-ce qu’on peut virer ?
Donc, comme on est à 40° du vent, quand on a le phare à 80° de nous ? Quand on l’a à 90 ? À 100 ? À 110 ?
C’est quoi le bon moment ?
Allez, on quitte Fort Tarin, on va aller faire un petit brin de nav de l’autre côté.
Alors… Thierry, on est où exactement ? On est sur le cap NR. Et c’est… Laos ? Non… ah, bon, c’est en espagnol. Attention à la voile.
L’équipage est au complet, ça tourne. On tourne pas très fort, hein. J’ai été un peu feignant sur le réglage des voiles, donc là on le fait…
…alors qu’on a quand même 12 nœuds de vent apparent, donc on pourrait tourner plus fort.
Mais je fais le feignant, voilà. On a un génois mal réglé — tu vois, les penons sont pas bons — et une grande voile mal réglée aussi, elle est trop bordée.
Et en plus, il y a beaucoup de monde dans le chenal, donc on fait pas ça bien, on va régler ça dans les 5 minutes.
On sort du repas, voilà.
Ah, si vous arrivez à voir sur la caméra, il va y avoir une accélération de vent.
Là, il y a une risée qui arrive. Elle arrive dans pas longtemps.
Là, tiens, c’est marrant : le vent est à 11 nœuds… 10 nœuds… et tout d’un coup, la risée va arriver.
On va essayer de vous la montrer en direct. Attention… Encore une centaine de mètres, même pas… et hop, elle va attaquer maintenant…
Et voilà.
Le vent monte tranquillement.
Voilà.
Ça, c’est la lecture de l’eau — ce qu’on appelle être capable de voir, sur le plan d’eau, les accélérations. Il faut avoir un petit peu l’œil, mais ça vient très vite.
Il faut passer du temps sur l’eau, en fait.
On va se faire une petite vidéo technique ouverte à tous, sur l’utilisation des taquets Spinlock — enfin, des bloqueurs Spinlock — et des winchs.
Parce que j’ai noté régulièrement des mauvais usages, qui abîment le matériel, et qui ne sont pas du tout préconisés normalement.
Donc voilà, je vais faire un petit rappel.
Ça vous permettra de réduire l’usure de vos bloqueurs, et de mieux utiliser vos winchs.
Démonstration :
Winch de 60, écoute de foc, et un bloqueur dessus.
La plupart du temps, ce qui se passe, c’est que les gens viennent préparer leurs écoutes tranquillement sur le winch. Souvent, ça passe dans le self-tailing, on finit le premier rappel — celui-là, tout le monde le connaît.
Il faut savoir que la hauteur de la poupée du winch a été calculée pour que la friction de l’écoute corresponde à la tension qu’on veut mettre dedans.
Donc si je ne fais pas le bon nombre de tours — ici, 4 tours — quand je vais être à la tension max de mon génois (genre près très serré), et que j’ai que 3 tours, eh bien quand je vais tourner le winch, l’écoute va glisser. Et je vais perdre de la tension.
Et en plus, je vais me retrouver avec de la poussière de friction dans le winch.
Ensuite, quand les gens bordent leur génois, ils ferment tout de suite le bloqueur (Spinlock).
Et ça, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire.
Les bloqueurs ne sont pas faits pour travailler fermés.
À partir du moment où j’ai mis l’écoute sur le winch, la première chose que je fais, c’est l’ouvrir. Si le bloqueur est sous tension, je mets un peu de tension avec le winch, et ça me permet de le libérer.
Je borde — taquet ouvert.
Je ferme le taquet uniquement si j’ai besoin de libérer le winch pour faire autre chose, ou si je veux retirer l’écoute du winch.
Pourquoi c’est hyper important ?
Parce que si on regarde l’intérieur d’un Spinlock usé — j’en ai un ici, je vais zoomer — on voit que les dents sont toutes bouffées.
C’est une usure causée par une écoute qui glisse dans un bloqueur fermé.
Ça brûle les dents, ça les arrache. Et après, le bloqueur ne tient plus.
Celui-là, par exemple, c’est mon bloqueur de génois. Il est complètement mort.
L’autre, à côté, pour ma drisse de GV, il est correct.
Mais le deuxième génois, pareil : dents arrachées. C’est exactement le même problème.
Donc voilà le rappel :
Dès que l’écoute est sur le winch, taquet ouvert
Une fois que le winch est libre et que tu veux tout bloquer, tu fermes le bloqueur
Ça évite l’usure,
et ça te permet aussi de relâcher rapidement une écoute en cas d’urgence — sans oublier un taquet fermé.
Autres petits détails à bord :
Ici, j’ai bricolé un montage pour remplacer une poulie de pied de mât trop chère : j’ai mis un anneau en Dyneemasur le hale-bas.
Ça fonctionne très bien, c’est solide, je l’ai fait sur plusieurs bateaux.
J’ai aussi installé des Ental Rings (anneaux textiles) sur les bouts des écoutes pour faire un barber hauler.
Pas besoin de poulies ouvrantes, ils sont fixés, légers, efficaces.
Ensuite, sur la balancine de GV :
Souvent, elle est fixée sur un téton de la bôme, mais ce téton n’est pas prévu pour tirer vers le haut.
Donc j’ai fait un montage avec un tour de bôme complet, épissuré des deux côtés, avec du Dyneema.
Ça tire par en dessous, et ça n’abîme pas la bôme.
Pareil, j’ai mis un petit repère sur la balancine (un scotch propre).
Quand la balancine est à ce niveau, je sais que la bôme ne touche pas le bimini. C’est parfait pour étarquer.
Je vais faire la même chose sur les écoutes de génois :
Des repères visuels (avec code couleur) pour 60°, 70°, 80°, 90° du vent apparent.
Ça permet à l’équipage de régler vite et bien, surtout de nuit.
Et bientôt :
Je vais vous faire une vidéo sur les dérives de vent, les réglages de chariots, et la VMG (Velocity Made Good).
Parce que beaucoup de gens ne comprennent pas la dérive réelle du bateau, notamment à cause de l’usage systématique des applis comme Navionics ou des traceurs automatiques.
Je vous expliquerai ça simplement avec des tableaux, des vrais exemples, et un peu de math