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Catamaran

Les radeaux de survie en Catamaran

Allez, bonjour à tous et à toutes, on continue avec ce guide du catamaran. J’espère que vous avez aimé la dernière vidéo sur le gros temps, hein, le gros temps en catamaran, c’est un sujet qui est plus qu’important. On a vu des choses qui sont pas mal importantes, c’est des questions de sécurité, il y a des erreurs communes à ne pas commettre, et j’espère que cette vidéo vous a guidés ou éclairés sur les erreurs à ne pas faire et sur comment les gérer. Aujourd’hui on fait une vidéo qui s’adresse à tout le monde, donc qui n’est pas que pour ceux qui ont un pack, qui est sur les radeaux de survie dans les catamarans. Alors pourquoi cette vidéo ? Quelque part, pourquoi une vidéo sur les radeaux de survie dans les monocoques, et pourquoi une sur les radeaux de survie dans les catamarans ? Vous allez me dire un radeau de survie c’est un radeau de survie, oui, mais dans la deuxième partie on va parler de la gestion de la survie elle-même dans le radeau. Il faut savoir que quand on passe le diplôme de capitaine, le Yacht Master, pour pouvoir être loué en tant que capitaine, il faut passer ce qu’on appelle le Sea Survival au STCW 2000. C’est un examen qu’on passe en piscine, on nous explique pendant toute une journée comment on gère une survie. Il faut savoir que je suis certifié preneur de radeau de survie chez Switlik, qui est une société américaine qui fait des radeaux de survie, des bouées de sauvetage, etc., qui est le numéro un en tout ce qui concerne les toboggans, les radeaux de survie et les gilets de sauvetage sur toute l’aviation des États-Unis et une partie de l’Europe. Ce n’est pas une petite société. J’ai passé une semaine dans leur bureau à être certifié là-dessus. J’étais pas le seul, il y avait tout un tas de gens. Donc on va parler de la partie survie en mer du radeau, mais aussi d’un autre point sur lequel j’attaque de suite : autant sur les monocoques le placement du radeau de survie, même s’il n’est pas toujours optimisé, même si la méthode d’attachement, les cliquets qui rouillent sur le pont et qui finissent par ne pas être ouvrables le jour où on en a besoin, c’est pas super — il vaut mieux avoir un couteau accroché à côté du radeau sur la sangle pour pouvoir couper. Ça, c’est ce que je vous conseille. Si vous avez un radeau de survie avec une sangle à cliquet, sur la sangle, attachez un poignard dans un étui, laissez-le là. Ça vous permet de couper le radeau dans l’urgence. Pas besoin d’aller chercher un couteau quelque part. Il est là, on sait, il est accroché sur la sangle. Mais alors dans les catamarans, pour une raison de place — mais je pense que la logique des designers qui font les catamarans a raté un épisode — l’emplacement des radeaux de survie, je vous explique : ils ont mis ce radeau de survie 99 % du temps dans la nacelle arrière, dessous, avec la philosophie de se dire que si le cata est à l’envers, le radeau sera accessible et facilement sortable. Ce qui est pour moi une bêtise. Parce que dans les cas d’évacuation de radeau de survie sur les catas de série, les cas de retournement, c’est moins de… j’ai pas de chiffre exact, mais c’est moins de 3, 4 ou 5 %. Les raisons pour lesquelles vous allez vous mettre dans le radeau, il y en a plusieurs, et il y en a une qui est une erreur humaine qu’il ne faut pas commettre, mais ça arrive, et deux qui sont normales. La première, c’est le bateau prend feu. J’arrive pas à gérer un départ de feu dans le bateau. La fibre, ça brûle. Quand c’est parti, c’est parti. On estime que tu as 3 minutes pour évacuer quand le feu a attaqué la fibre. C’est très rapide. Donc là, le bateau sera toujours à flot, mais le radeau est dessous. Donc il va falloir te jeter je sais pas comment à plat ventre sous les gardes-corps en inox pour aller sortir ce radeau. Il va falloir que tu ailles te mettre dans ton annexe qui est pendue… Voilà. Je sais pas comment tu fais pour sortir ce radeau quand tu as un départ de feu. Et tu n’as pas beaucoup de temps. Donc il faut être efficace et rapide. Passer dessous, c’est pas une bonne idée. Deuxième raison pour laquelle tu pourrais faire appel à ce radeau de survie, c’est que tu as tapé un OFNI ou un caillou et tu as une prise d’eau conséquente que tu n’arrives pas à gérer. Donc à un moment donné, tu as une coque qui passe sous l’eau, mais le bateau flotte toujours. C’est le moment où tu te dis : “au cas où”. Donc là, on n’abandonne pas le bateau, on reste sur la deuxième coque tant qu’elle flotte, mais on va préparer le radeau de survie, le mettre à l’eau à côté du bateau au cas où la situation empire. Si un moment donné la deuxième coque commence à sombrer, on peut se mettre dans le radeau et lâcher le bateau à partir du moment où il est passé sous la flotte. Et là encore une fois, si vous avez un cata avec un flotteur sous l’eau, aller attraper le radeau ça va être compliqué.

Et si vous êtes dans cette situation-là, aller chercher le radeau à quatre pattes sous la nacelle arrière, avec la mer démontée, des vagues qui frappent, peut-être le bateau qui gîte déjà anormalement — ça devient mission quasi impossible. Et ça, c’est dans le meilleur des cas où vous avez encore accès à la nacelle et que les filets n’ont pas lâché ou qu’il n’y a pas d’obstacles techniques ou physiques.

Donc clairement, sur ces deux cas majeurs qui sont les plus probables (incendie et voie d’eau incontrôlable), le placement du radeau sous la nacelle n’a strictement aucun sens opérationnel. Et pourtant, c’est là qu’on le retrouve dans 95 % des catamarans de série. Pourquoi ? Simplement parce qu’ils avaient de la place là-dessous et qu’ils se sont dit : “Tiens, on va mettre le radeau ici, au cas où le bateau se retourne, il sera toujours à l’extérieur.” Ce raisonnement est basé uniquement sur un cas extrême : le chavirage total, qui est extrêmement rare sur les bateaux modernes bien menés.

Et ce placement crée une illusion de sécurité, parce qu’en réalité, dans 95 % des cas où vous devriez envisager une évacuation, le bateau est encore à flot mais difficilement gérable, et là, le radeau devient inatteignable. C’est une énorme incohérence. Il faut donc réfléchir à un positionnement alternatif — moi je suis partisan d’un rangement accessible, côté cockpit, même s’il faut sacrifier un coffre de rangement. Le jour où ça doit servir, ce ne sera pas pour aller chercher des palmes ou des pare-battages. Donc voilà, allez, je vous remercie à tous et à toutes et je vous dis à la semaine prochaine. Merci. Ciao.