Catamaran
Augmenter les performances de son catamaran
Allez bonjour à tous et à toutes, on continue dans cette série qui vous aide à faire le bon choix et à améliorer un petit peu votre vision du catamaran, si vous voulez en acheter un ou si vous en avez déjà un. Là, on va faire deux vidéos. La première, qui va être publique, va parler de comment augmenter les performances de votre catamaran sans aucun investissement — c’est pas mal, hein, ce que je vous propose — et la deuxième vidéo, qui va être réservée aux abonnés, va parler mouillage contre, donc vent dans un sens et courant dans l’autre, les implications que ça a. On attaque de suite avec : comment fait-on pour augmenter les performances de son catamaran sans avoir à faire des investissements ? Ben je vais vous le dire.
Alors pour vous la faire simple, quand on était en sortie de chantier avec le Gunboat en Chine, donc 10 mois dans la factory à Xiamen en Chine à suivre, donc je suis arrivé, ça sortait du moule, donc c’était des coques en carbone, et on a fait l’installation complète du bateau. Et il s’avère que le propriétaire, qui savait ce qu’il voulait, avait déjà commandé les bouteilles de plongée, le compresseur, l’annexe, le générateur, etc., etc., etc. Donc tout ça était prévu, en place, logé, ça se faisait avant la mise à l’eau. Je vous passe les détails. On fait la mise à l’eau du bateau, on fait les premiers essais en mer, et on se rend compte que le cata est pas dans ses lignes. Et en fait ce qui s’est passé, c’est que malheureusement, souvent, quand on prépare un catamaran, ben le poids de l’annexe à l’arrière, plus son moteur, plus le portique, plus les panneaux solaires, plus ce qu’on va mettre dans les coffres de rangement — je parle d’un cata normal — qui sont dans le carré extérieur, plus ce qu’on va mettre dans les coffres de rangement qui sont à l’avant de la nacelle (souvent on a choisi une coque dans laquelle on vit, donc c’est plutôt de l’autre côté qu’on stocke les choses), et on se retrouve avec un catamaran qui est pas du tout équilibré, pas du tout dans ses lignes. On s’en rend pas trop compte quand on fait des antifoulings ou quand on regarde parce qu’il y a toujours un peu de clapot et que ça bouge un peu, etc., etc., mais le jour où vous êtes dans un mouillage où il n’y a pas un brin d’air, où c’est un lac, et que tout doucement vous faites le tour du bateau à la nage, vous vous rendez compte que ou il est assis sur l’arrière, ou il est sur l’avant, ou il y a un flotteur qui est un peu plus enfoncé que l’autre.
Et ça, les copains, ça n’a pas l’air, mais c’est grave. Et vous allez dire : « Oui, mais on n’a pas des bateaux comme le Gunboat », etc., etc. Je peux vous assurer que sur un bateau de croisière tel que les marques françaises — que ce soit un Fontaine Pajot, un Nautitech, un Catana, ce que vous voulez — je vous encourage vivement à prendre un cahier. Vous partez de l’arrière du bateau et vous faites un listing de poids avec où vous avez mis le poids. Donc centre arrière, centre milieu, centre avant, bord tribord, bord bâbord, etc., etc. Vous faites une liste : l’annexe, les jerricans d’essence, le moteur d’annexe, le barbecue, le dessalinisateur, le paddle, la machine à café, les pare-battages, les lignes, les livres, les souvenirs. Vous y allez. Vous notez. Vous estimez. Si vous voulez peser, vous pesez, mais vous pouvez estimer assez facilement.
Ça va vous faire deux choses. La première, c’est que vous allez vous rendre compte du poids réel que vous avez mis sur ce catamaran. Et là, pour ceux qui regardent mes vidéos — et c’est super cool hein, j’apprécie beaucoup, ça flatte mon ego, on met une petite cloche, on garde la notification — mais ça fait pas avancer le schmilblick. Ce qui est important, c’est que vous mettiez en pratique ce que je partage. Sinon, pour moi, c’est un peu vouloir vider la mer avec un gobelet, j’y arriverai jamais. Mais si vous voulez avancer… voilà.
Donc première chose, vous allez vous rendre compte de la charge que vous avez mise dans votre bateau. Et quand vous allez arriver au bout des calculs — et comptez tout, les mecs, les deux ancres, les chaînes, le dessal, l’inverseur, les batteries lithium, le boiler, les voiles, tout — vous allez voir le vrai poids de votre bateau. Et vous allez vous rendre compte que vous êtes probablement à +10 % par rapport au lightship (version allégée). Et si c’est le cas, vous pouvez vous dire : « Il y a un souci, Houston. » Et là, dans ces 10 %, il y a déjà les 400, 600 ou 800 L d’eau, et le gasoil. Donc une tonne facile. Donc si vous êtes en surcharge, votre catamaran ne fait plus 18 tonnes mais 19 ou 20. Et ça change tout.
Et deuxième chose : vous allez réaliser comment vous avez réparti votre charge. Et là, vous allez vous rendre compte que dans 80 % des cas, votre catamaran est assis sur l’arrière. Et ça, c’est une cata. Un cata qui est sur l’arrière aura une moins bonne performance au près. C’est comme une planche à voile. Quand on met le poids à l’arrière, on fait cabrer le bateau. Et si vous êtes trop sur l’arrière, vous poussez de l’eau, vous avez une vague d’étrave inutile, vous fatiguez le bateau. À l’inverse, il faut éviter aussi de le planter en mettant trop de poids à l’avant. Il faut un équilibre.
Et cet équilibre, vous ne l’aurez qu’en faisant ce travail de répartition des charges. Parce que c’est pas juste une question de poids total, c’est aussi une question de où est ce poids. Et vous allez vite vous rendre compte que les 3 ou 400 kg que vous avez à l’arrière, quand vous êtes à bord à 4, ça fait déjà une demi-tonne sur l’arrière. Et c’est énorme. Et le résultat : vous usez plus un moteur que l’autre, le bateau avance moins bien sur un bord que sur l’autre, vous perdez en performance, vous perdez en confort, et vous perdez aussi en sécurité.
Donc voilà, c’est gratuit, ça coûte pas un centime, ça demande juste un peu de temps. Trois matinées au mouillage avec votre compagne, et vous faites le listing. Et ça va vous ouvrir les yeux. Et si vous faites ça en amont, quand vous achetez le bateau, ça vous évite de charger bêtement les coffres et de déséquilibrer le bateau dès le départ. Voilà.
La prochaine vidéo, on parlera de vent et de courant, des implications que ça a sur les évitements au mouillage, et sur les surprises que ça peut générer. Merci à tous, à très vite pour la suite.